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Par Difrade le 1 Juin 2010 à 23:09
Hâte-toi d’aller à l’Isles-sur-Sorgue pour prendre les chemins de Char longeant cette rivière et remonte jusqu’à la source ! Suis le parcours de l'homme et de l'écrivain ! Remonte du texte à ces « paysages premiers »
Tu es pressé d'écrire,
Comme si tu étais en retard sur la vie.
S'il en est ainsi fais cortège à tes sources.
Hâte-toi.
Hâte-toi de transmettre
Ta part de merveilleux de rébellion de bienfaisance. […/…]
(Extrait de « Commune présence » poème de René Char)
La classe SEN A-E du lycée professionnel Ampère (Marseille) s’est promenée en territoire non cadastrable à la rencontre du poète et il en résulte un recueil illustré que vous pouvez feuilleter…
http://v.calameo.com/2.0/cviewer.swf?bkcode=0000188138980be52ca3d&langid=fr&authid=36B7rh5gVE1U
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Par Difrade le 25 Novembre 2009 à 00:23
Un auteur
et une nouvelle en livre virtuel
Charles Asselineau est né le 13 mars 1820 à Paris et décédé le 25 juillet 1874 à Châtelguyon. C'était un homme de lettres, écrivain et critique d’art. Il a fait ses études au collège Bourbon (actuel lycée Condorcet). Il était alors condisciple de Félix Tournachon (Nadar), avec lequel il s'était lié. Comme ce dernier, il commença des études de médecine. Cependant, assez rapidement, il se tourna vers la littérature.
Il collaborait à différentes revues littéraires et artistiques, comme Le Courrier artistique , travailla pour la bibliothèque Mazarine, et a écrit différents ouvrages : un recueil de nouvelles La double vie (1858), L’enfer du bibliophile (1860), Mélanges tirés d’une petite bibliothèque romantique (1866), L'Italie et Constantinople (1869), André Boulle, ébéniste de Louis XIV (1872), Bibliographie romantique (1872), etc.
En 1845, il rencontra Baudelaire, dont il devenait un ami fidèle. En 1869, il a écrit la première biographie de Baudelaire : Charles Baudelaire, sa vie et son œuvre.L'enfer du Bibliophile (1860)
http://www.calameo.com/books/000018813e03c3f5369f6
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Par Difrade le 23 Octobre 2009 à 18:11
Paul Carpita est mort!...
Paul Carpita, né à Marseille en 1922. Il vient de décéder le 23 octobre 2009 à Marseille. Il est né d'un père docker et d'une mère poissonnière. Résistant pendant la deuxième guerre mondiale et membre des partisans français, sa filmographie est associée à Marseille, aux dockers, aux luttes syndicales, à la lutte pour la paix, mais aussi à la poésie de l’enfance. Instituteur et communiste, il a fondé ensuite le groupe Cinepax qui réalise des reportages sociaux et engagés sur la reconstruction de Marseille, sur les manifestations contre la guerre d’Indochine et sur la grande grève des dockers de 1950.
Il avait dit : « Je ne suis pas un cinéaste, je suis un fils d'un docker et d'une poissonnière. Un instituteur passionné de cinéma, c'est tout. » Malgré sa modestie, Paul Carpita était un grand cinéaste. Avec seulement quatre longs métrages ( Rendez-vous des quais, Rendez-vous chez Paul, Les sables mouvants et Marche et rêve! Les homards de l'utopie) et de nombreux courts métrages, il a marqué l'histoire du cinéma social des années cinquante.
Son film le plus important "Le rendez-vous des quais" a été censuré de 1955 à 1990. À sa reprise, ce film a suscité l'intérêt des cinéphiles. Dans le Marseille des années cinquante, sur fond de guerre d'Indochine, l'histoire d'un jeune couple confronté aux difficultés économiques et à la crise sociale qui secoue le port. Sur les quais, on décharge les blessés et les cercueils venant d'Indochine, on embarque des canons et des chars. Les grèves éclatent sur le port, durement réprimées par la police.
Les Cahiers du cinéma y voient « le chaînon manquant du cinéma français » entre les films « Toni » de Jean Renoir et « A bout de souffle », de Jean-Luc Godard. « Tourné clandestinement avec des acteurs non-professionnels dans des décors naturels, caméra à l'épaule, il anticipe la Nouvelle vague et est considéré comme l'unique film néoréaliste français, le chaînon manquant entre “Toni” de Jean Renoir et “A bout de souffle” de Jean-Luc Godard. » commente Pascal Tessaud, auteur d'un livre d'entretiens avec le cinéaste.
Il est question de ce film dans un documentaire de la Collection Un certain regard du Sud et nous vous proposons un extrait du portait fait de ce cinéaste du Sud.
Débat entre dockers à Marseille : faut-il faire grève ou pas contre la guerre d'Indochine. Extrait du magnifique film de Paul Carpita
Quelle chaîne de télé lui rendra hommage?...
A découvrir ou redécouvrir!
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Par Difrade le 20 Octobre 2009 à 15:30
Du rythme dans le polar...
le Rock'n roll
Il y a eu le polar jazzeux , feutré, ambiance whisky et petites pépées. Voici venu le temps du polar rock "où les héros s'envoient des rails et baisent les étoiles". Fort de ce beau constat, Sergueï Dounovetz, a créé la collection Polar rock chez Mare Nostrum ( Interview sur le site Fluctuat ). Il ajoute : « Il y a un lien direct entre le roman noir et le rock, le rythme de l’écriture, le style nerveux, la puissance de feu, la violence, le sexe, la défonce, la poésie et d’autres ingrédients que l’on retrouve dans ces deux cultures. »
Doriane Purple a écrit dans une chronique rockailleuse : « Rock, littérature, écriture : voici un des portails vers le centre névralgique de mes apparitions crépusculaires sur la toile de mes plaisirs littéraires et rockailleux... La poétique est un art qui ne se meut et ne s'approprie que par le truchement divin des neuf Muses. C'est une Euterpe moulée dans des jeans troués, brandissant avec rage une guitare électrique dans ses mains d'albâtre, qui se livre ainsi avec furie dans mes écrits. Mais toutes ces vociférations scripturales ne sont que de la littérature...
Pour des auteurs de polars musiciens, musique et écriture sont liées au Rock’n roll, tout en vivant cette dualité en schizophrènes. Finalement «être rock’n roll » ne serait-il pas (entr’autres goûts déterminés par des origines socioculturelles) écouter cette musique et lire des polars ? Aujourd’hui, le lien entre la musique et le polar serait-il la crise d’adolescence qui , par la revolte, d’un mode de vie passe à une mode qui se prolonge en mode de vie dont la musique, la littérature et le cinéma sont des aspects culturels ? Aujourd'hui, si certains mettent du Rock dans leur polar, d'autres n'y mettent-il pas du rap et du slam? Les mots n'ont-ils pas leur propre musique? Un livre ne se regarde pas. On le lit, l'écoute et le savoure, le regard tourné vers l’intérieur : l'imaginaire. Comme la musique, il est un plaisir d'abord solitaire, un rythme intime.
Pour les images du Rock, on peut penser à James Dean et au film culte des années 50 «La fureur de vivre » qui fait découvrir aux américains leur jeunesse rebelle et délinquante. Le film montre le premier ado qui dit parfois aux parents qu’ils ont tort. De nombreux jeunes s’identifient à James Dean qui porte sur l’écran leur angoisse et leur colère jusqu’à la révolte. James Dean avait une blessure : la mort de sa mère alors qu’il avait 9 ans. Cette mort n’a pas été expliquée au gamin qu’il était et semble à l’origine de son mal de vivre et sa colère qui l’ont certainement aidé à créer son personnage d’adolescent rebelle. L’acteur deviendra un mythe en mourant dans un accident au volant de sa dernière voiture de course, une Porsche Spayder portant le n° 130. Il roulait face au soleil couchant lorsqu’un véhicule a coupé sa trajectoire le 30 septembre 1955. Il jouait dansle film Giant en cours de tournage. Son producteur l’avait pourtant interdit de conduite automobile jusqu’à la fin du tournage mais il n’a pu résister à la fatalité. Avec les voitures et la vitesse, la musique faisait aussi partie de sa courte existence puisqu’il jouait des Congas, notamment dans un bar branché d’Hollywood. Il incarne encore l’esprit Rock’n roll lorsqu’il dit à un ami : « Je ne vais pas traverser la vie avec un bras dans le dos. » Huit mois avant son décès tragique, il se faisait photographier dans un cercueil. Le film « La fureur de vivre » sortira dans les salles une semaine après sa mort. Les photos du film sont devenues légendaires et alimentent le mythe qui est devenu un produit de marketing comme l’est devenu celui du King Elvis Presley.
La littérature et la musique sont tributaires des modes. Toutefois, il y a les genres éphémères et ceux qui durent, qui sont les expressions des générations et de leurs révoltes. Dans cette dernière catégorie de genres qui durent, on peut classer le Jazz, le Rock’n roll, le Rhythm and Blues et le polar. Cela me fait penser à l'obsession pour l’écrivain d'écrire le grand roman d'une vie, d'une époque, peut-être d'un génération comme le personnage de l’auteur mexicain Juan Hernandez Luna dans son ouvrage "Fausse lumière" ( Collection L'atinoir de L'écailler - 2007). Qui écrira le grand roman de la génération Rock'n'roll? Tout n’a-t-il pas déjà été mis en musique, écrit ou filmé?...
Comme film culte, on peut citer celui antérieur à la Fureur de vivre puisqu’il est sorti en 1953 : «L’équipée sauvage » (The Wild One ) avec Marlon Brando dans le rôle de Johnny, chef d’une bande de motards qui roulent de ville en ville dans le seul but de s'amuser comme des gamins, d'attirer l'attention et de déranger les habitants bien pensant. Ils s'arrêtent à une course de motos mais provoquent rapidement la pagaille et le Policier de service leur demande expressément de déguerpir sous peine de se retrouver en prison. Ce qu'ils font sans demander leur reste, en dérobant la coupe du deuxième vainqueur. Ils arrivent ensuite dans une petite ville tranquille dont le Policier local veut éviter les ennuis. La bande s'installe dans le café et vadrouille dans les rues, provoquant un petit accident qui les oblige à rester sur place, le temps d'attendre leur pote blessé se faire soigné. Ce qui ne tarde pas à mettre en colère les habitants les plus obtus et bagarreurs...
Un mot sur Brian de Palma qui réalisa Phantom of paradise (1973) : Reprenant plus ou moins la trame du roman Le Fantôme de l'Opéra, de Gaston Leroux, le mythe de Faust, ou encore Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, le film de de Palma raconte les mésaventures d'un chanteur-compositeur talentueux (Winslow Leach) dont l'œuvre, une cantate intitulée Faust, est volée par la maison de production Death Records appartenant au producteur star, Swan. Ce dernier envisage d'ouvrir son opéra-rock avec les chansons remaniées de Winslow qui va alors entreprendre sa vengeance. La musique est de Paul Williams, saxophoniste de Rhythm and Blues et compositeur. Quelques années plus tard, le même de Palma réalisera Scarface avec Al Pacino. Tony Montana, petit truand expulsé de Cuba, débarque à Miami. Malin et sans scrupule, il entre en contact avec Lopez, un patron de la pègre qui fait le trafic de cocaïne. Ayant attiré sa confiance, il devient un de ses hommes de main, puis son second. Tony, appelé "Scarface" à cause d'une balafre au visage, peut compter sur son ami Manny venu avec lui de Cuba, fidèle allié de son ascension. La musique est de Giorgio Moroder. Il a composé une quinzaine de bandes originales de films et a collaboré (en tant que producteur ou en tant que compositeur) avec des artistes de premier plan comme David Bowie, Eurythmics, Freddie Mercury, Elton John, Sparks ou Debbie Harry (Blondie).Mais c'est avec Donna Summer qu'il connaîtra ses plus grands succès de compositeur et de producteur. Pour n'en citer que quelques uns : Hot stuff (1979), Bad Girls (1979), le fameux Love to love you baby (1975) ou bien encore I feel love (1977) récemment repris par Madonna dans sa tournée Confessions On The Dance Floor Tour 2006.
On peut aussi cité des films de Scorcese et de Coppola qui montrent cette Amérique du Rock’n roll et, enfin, pour mémoire, la comédie musicale West Side Story : L'histoire rock’n roll est inspirée de Roméo et Juliette de William Shakespeare. A New York, dans les années 1950, deux gangs de rue rivaux, les Jets (américains de la première génération, fils d'immigrés irlandais ou polonais) et les Sharks (d'origine portoricaine), font la loi dans le quartier. Ils se provoquent et s'affrontent à l'occasion. Tony et Maria, chacun d'eux attaché à l'un des belligérants, tombent amoureux, mais le couple doit subir le clivage imposé par leur clan.
Le Rock et le polar ont des histoires parallèles. Le Rock ’n’ roll (pour Rock and roll), ou simplement Rock, est un genre musical qui mêle le blues noir et le Rythm and Blues en premier lieu, avec une culture blanche marquée par la musique country notamment. Le rock devient par la suite une véritable philosophie avec sa cohorte culturelle, du cinéma aux bandes dessinées en passant par la mode vestimentaire. C’est la musique des bandes de mauvais garçons, en jeans et blousons noirs, et des bouseux devenus citadins.
Après les romans Hard boiled, les apparitions presque concomitantes du Rock et du polar correspondent à celles du livre de poche et du microsillon 45 Tours. Si le Jazz est peu présent dans les polars, le Rock'n'roll y a pris une grande place. Avec le Hard boiled , Hammet, Chandler and Co étaient des auteurs Rock ‘n roll avant l’heure et on les retrouve dans les textes des Rockers qui sont aussi des « durs à cuire », sans aucun doute inspirés par cette littérature. Le polar et le Rock ‘n Roll se seraient ainsi interpénétrés et des auteurs de polars d’aujourd’hui seraient des enfants du Rock auquel ils empruntent parfois des standards comme titres de leurs ouvrages. On peut évoquer le mythe américain « Stagger Lee », l’histoire de ce type de la fin du 19ème ou début du 20ème siècle, chauffeur de taxi, pauvre, noir, qui, las de subir le racisme et les humiliations, aurait pris un flingue et tué un shériff, Billy Lyons, qui lui aurait volé son Steton à 5 dollars. De nombreuses versions de cette histoire circuleront. Stagger devient Stagolee, mais surtout l’archétype du pauvre type qui prend sa revanche sociale par la violence.
Ce mythe a inspiré des centaines de titres du Rhythm and Blues au Rock et à la Pop. Certains sont même allés jusqu’à le reconnaître dans Hey Joe de Jimi Hendrix. Vous pouvez consulter une liste de titres reprenant « Stagger » sur le site Allmusic à l’adresse ci-dessous :
http://www.allmusic.com/cg/amg.dll
Greil Marcus est un critique et auteur de livres sur le rock et la Soul music. On trouve ses livres et ceux de Nick Cohn ou Nick Tosches, qui remplissent le même office, aux éditions Allia et parfois en folio Gallimard. On lui doit notamment chez Allia Sly Stone, le mythe de Stagger Lee. A travers Sly Stone, leader d'un des plus fameux groupe de funk dans les années 60 et 70, il retrouve la légende de Stagger lee, le bandit noir, et offre un tableau saisissant de l'histoire de la révolte des Noirs.
Inventé par des Noirs et dérivé du rythm'n blues, le rock fut, dans les années 50, popularisé par des artistes blancs qui reprenaient les musiques des artistes rock noirs
L'étiquette rock 'n' roll a été d’abord utilisée pour discriminer le Rhythm and Blues des Afro-Américains pour des raisons liées à la politique raciale de l'époque. Il était inadmissible que des artistes blancs soient mêlés sous la même étiquette que les artistes noirs chez les disquaires. Le style particulier du Rhythm and Blues blanc a reçu une nouvelle étiquette « Rock 'n roll ».
Ike Turner, son cousin Jackie Brenston ( proxo et petit voyou sans envergure mais aussi saxophoniste) et leur groupe The Delta Cats rallient Memphis, Tennessee depuis Clarksdale, véritable pépinière de musiciens ; c'est en effet la ville natale de Junior Parker, Bukka White, Son House, John Lee Hooker, Earl Hooker, Jackie Brenston, Ike Turner, Eddie Boyd, Sam Cooke, Willie Brown et Johnny B. Moore. La légende raconte que c'est là que Robert Johnson aurait vendu son âme au diable.
Jackie Brenston et Ike Turner enregistrent Rocket 88 à Memphis le 3 mars 1951.Ce morceau est d’abord une chanson de Rythm and Blues. Elle est inspirée de Cadillac Boogie de Jimmy Liggins. Dans les paroles, Brenston remplace la vieille cadillac par la nouvelle Oldsmobile Rocket Hydra-Matic 88. La mélodie est quasiment la même. Bill Haley enregistre une version de Rocket 88 avec son groupe The Saddle-Men publiée sur le label Holiday en juillet 1951. Il est le premier musicien blanc à faire une reprise d'un n°1 de Rhythm and Blues.
Par la suite, leur disque Rocket 88 sera davantage considéré par certains comme la première chanson de rock'n'roll de l'histoire que le «Crazy Man Crazy » de Bill Haley, même si ce titre est la première chanson rock'n'roll à atteindre le haut des charts. Tous les experts ne sont pas d’accord sur ce point, certains considérant que Rocket 88 reste du Rhythm and Blues. « Il faut mettre une fin ce mythe, malgré ses évidentes qualités ce titre n'est pas le premier Rock and Roll de l'histoire, cela reste malgré tout du R&B. La rythmique de Rocket 88 tient plus du shuffle (rythmique à contretemps) hérité des productions de la fin des années 40. Le Rock and Roll est caractérisé par son rythme particulier, un "eight to the bar" (8 temps par mesure) typique du Boogie mais avec un back beat accentuant le 4ème et le 8ème temps. La variante quatre temps est aussi possible, l'accent étant alors porté sur le 2ème et le 4ème temps ». écrit l’auteur d’un blog Tutti frutti consacré aux musiciens blacks.
Rocket 88, dont la partie vocale a été laissée à Jackie Brenston, a été enregistré dans les mythiques studios Sun Records, célèbres pour avoir enregistré That's All Right Mama, le 1er tube d'Elvis Presley en 1954, pur rock'n'roll également. Ike Turner est connu aussi pour avoir été le mari de la chanteuse Lina Turner qu’il battait. Il est mort, après Brenston et à l’âge de 76 ans, le 12 décembre 2007.
Rocket 88 était une voiture américaine (il s’agit de l’Oldsmobile Rocket 88). Les voitures et l’alcool sont présents chez les Rockers. Il y a eu le polar jazzeux , feutré, ambiance whisky et petites pépées. Lui succèdent le polar rock’n roll. Henri Thomazeau cite aussi Robert Johnson, petit guitariste inconnu qui deviendra un grand guitariste de Blues. Il est devenu une légende et une grande source d'inspiration pour des artistes tels que Jimi Hendrix, Led Zeppelin, Bob Dylan, The Rolling Stones ou encore Eric Clapton et Cream. En 2003, le magazine Rolling Stone l'a classé 5ème meilleur guitariste de tous les temps.
En 1951, le disc jockey Alan Freed anime une émission de radio appelée Moondog's Rock And Roll Party. C'est la première diffusion du rock 'n' roll à une large audience. C'est ce disc jockey radio qui trouve son nom au rock 'n' roll en reprenant une expression que l'on retrouve depuis les années 1940 dans certaines chansons de Rhythm and Blues et qui signifie en argot « faire l'amour ». Alan Freed est le premier disc jockey blanc à soutenir avec force des artistes noirs jouant la « musique du diable ». La bonne société américaine en fera son « ennemi numéro 1 » et aura d'ailleurs sa peau en 1959.
Le terme Rockabilly désigne la première forme historiquement identifiable de Rock 'n' roll, il s'agit essentiellement d'un croisement de Rythm and Blues et de musique country. Elvis Presley et Bill Haley sont deux précurseurs chez les chanteurs blancs. Elvis Presley, surnommé The King (« Le Roi » du rock 'n' roll), enregistre ce qui est probablement l'un des tout premiers morceaux de rockabilly avec That's Alright Mama et collectionnera très rapidement les succès, mais, pour les experts, c'est Bill Haley and His Comets qui signent officiellement l'acte de naissance du rock 'n' roll pour de nombreux historiens avec le titre Rock Around the Clock (reprise de Sonny Dae and His Knights, 1952). Ce premier tube de l'histoire du rock 'n' roll qui figure au générique du film Graine de violence est numéro 1 des hit-parades aux États-Unis (8 semaines) et au Royaume-Uni (3 semaines) en 1955. Buddy Holly, Jerry Lee Lewis, Eddie Cochran et Gene Vincent s'engouffrent dans la brèche. Les musiciens noirs restent très actifs grâce à Chuck Berry et Bo Diddley tout particulièrement. N'oublions pas Little Richard, qui sur son premier 45 tours signe quatre des plus grands standards de rock : Tutti Frutti, Long Tall Sally, Rip It Up et Ready Teddy.
Le rock 'n' roll provoque un mouvement de rejet de la bonne société américaine qui croit avoir triomphé de ce mouvement en 1959. On annonce alors la mort du rock 'n' roll et il est vrai qu'aux États-Unis, le mouvement semble s'essouffler. Les chanteurs sont désormais très consensuels et Elvis Presley est institutionnalisé, cantonné aux ballades. Le rock 'n' roll continue cependant de se développer sous des formes plus locales et confidentielles comme la surf music de la côte ouest ou le garage au nord.
L’Internaute vous propose son histoire du Rock’n Roll de 1954 à 1997 : cliquer ICI.
Vous pouvez aussi vous procurer l’ouvrage de Benoît Tadié, Le polar américain, la modernité et le mal ( P.U.F) : « Quel rapport entre les discours d'Abraham Lincoln et les enquêtes des privés américains ? Entre les champs de bataille 1917 et les combats de 'Scarface' ? Entre la doctrine de Calvin et les violences de Mike Hammer ? Entre le langage expérimental de Gertrude Stein et l'argot de Sam Spade ? Entre les magazines de pulp fiction et les revues d'avant-garde des années 1920 ? Au rebours des visions séparatistes ou cloisonnées du polar, l'auteur montre que le roman policier américain constitue un genre ouvert sur l'histoire sociale et politique des Etats-Unis, traversé par les mêmes préoccupations linguistiques et stylistiques que la grande littérature de son temps, marqué par les courants de pensée et les idéologies pessimistes nés de la révolution industrielle et de la Première Guerre mondiale : il faut y voir le double noir du roman américain d'avant-garde, avec lequel il est, de Faulkner à Burroughs, resté en dialogue souterrain mais permanent, inventant comme lui un nouveau langage, en rupture avec les normés du XIXe siècle. Cet ouvrage constitue à la fois une étude des formes et de l'évolution du polar pendant son âge d'or (1920-1960) et une réflexion sur sa portée esthétique et idéologique : ses grands auteurs, de Dashiell Hammett et Raymond Chandler à Jim Thompson ou Peter Rabe, ont su renouveler le langage de la fiction populaire pour mettre en équation le mal et la modernité. » Le livre passionnant de Benoît Tadié évite les clichés habituels et les clivages inutiles. En s'appuyant sans cesse sur des exemples, l'essayiste laisse parler les auteurs et propose une relecture éclairante de cette littérature populaire qui continue d'être traitée à part.
L’apparition du Rock remonte aux années 1950. Le roman noir est installé dans la littérature américaine et s’est démocratisé avec l’apparition des livres de poches. C’est aussi l’époque de James Dean, acteur que l’on peut qualifier de Rock’n roll à l’écran comme dans sa vie. En évoquant le littérature et les films sur l’apparition de Rock’n roll, François Thomazeau reprend le mythe du pacte avec le diable scellé d’abord à Clarksdale par le mythique Robert Johnson. Les Rockers seraient entrés en Rock ‘n roll par ce pacte démoniaque, ce qui expliquerait l’hécatombe dans leurs rangs pour causes d’overdose de drogue mais aussi de plomb, puisque plusieurs ont été tués par armes à feu. François Thomazeau établit une filiation avec des écrivains de l’errance comme William Seward Burroughs, Jack Kerouac et Jack London. On peut citer des propos de Kérouac, mort d’une cirrhose et de l’abus de dopants : « Les seuls gens qui existent sont ceux qui ont la démence de vivre, de discourir, d'être sauvés, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller. » A 15 ans, Jack London commença une vie d’errance. Il fut tour à tour, marin, blanchisseur, chercheur d’or, pilleur de parcs à huîtres. Il retourna aussi à la fac. Puis Il devint garde pêche, chasseur de phoque, alcoolique, vagabond, socialiste. Il alla aussi à l’université et fut petit à petit publier... jusqu’à la gloire (son roman, Martin Eden est très autobiographique). En 1944, Burroughs vit avec Joan Vollmer dans un appartement partagé avec Jack Kerouac et sa première femme Edie Parker. C'est à cette période qu'il entame sa consommation d'héroïne. Il épouse Joan en 1946 avec le projet de fonder une famille. Le 6 septembre 1951, en voyage à Mexico, Burroughs, ivre, tue accidentellement sa femme d'une balle en pleine tête alors qu'il essayait de reproduire la performance de Guillaume Tell, qui fendit d'une flèche la pomme posée sur la tête de son fils. Burroughs est inculpé pour homicide involontaire mais échappe à la prison en rejoignant le Mexique en 1952 puis en vivant des années d'errance ; Principalement connu pour ses romans hallucinés mêlant drogue, homosexualité et anticipation, il est associé à la Beat Generation et à ses figures emblématiques (Jack Kerouac, Allen Ginsberg). On retient aussi de lui son utilisation littéraire du cut-up, technique (mise au point dans une petite chambre d'hôtel rue Gît-le-Cœur à Paris avec Brion Gysin) qui consiste à recréer un texte à partir de bribes découpées et mélangées au hasard, utilisant parfois des fragments d'autres auteurs.
Pour Jean-Bernard Pouy , « Ce qui le sauve, le rock and roll, ce sont l'ostracisme et l'incompréhension. Qui ne sont pas de grandes souffrances, mais plutôt des moments d'atermoiement, puisqu'elles sont constitutives de sa valeur. C'est le seul rapport, a-historique, éthique, évident qu'il a avec la littérature noire. Tout ado énervé, et surtout irresponsable, branchant, dans le garage de son père, une Gibson sur un ampli Marshall, un vrai plan, le seul, contre vents nauséabonds soniques et marées commerciales, ressemble fort à l'auteur qui se met à écrire pourquoi le monde sombre dans la douleur, en des termes moins châtiés que les platitudes à têtes de gondoles fnaquisées, virginophiles et beigbederolâtres. Ne pas oublier que le « hard-boiled » a précédé le « hard-rock ». On peut toujours, littérairement, tenter de délimiter l'équivalent du garage, du destroy et du rockabilly. Peine perdue, ça serait du côté de Genet, Burroughs, Ginsberg, Pelieu, Guyotat, F.J. Ossang et... » L'inscription du rock dans le polar serait moins une question de références que de pulsation dans l'écriture.
Merc Alpozzo écrit : « L’esprit rock peut être vécu de plusieurs manières. Certains le vivent au quotidien. Tout est rock’n’roll chez eux : fringues, attitude, langage. Le rock imprègne leur personnalité et leur vie. (« Je n’ai jamais écrit sans écouter du rock à fond la caisse ! » confie Yann Moix) D’autres limitent le rock à leur écriture. » Vous pouvez aller lire son article qu’il conclue ainsi « Révolution générationnelle qui vomit les références passées, qui détruit les idoles, et s’imprègnent des troubles de la civilisation : la littérature rock infiltre tous les genres jusqu’à la SF ou le polar. Normal ! Le rock est une culture de masse ! Décidément, le rock n’est pas mort. Mais le roman non plus..
C’est sur le site e-torpedo.net. : Le Rock’nroll une révolte des formes.
En France, les premiers romans noirs Rock ‘n Roll sont les polars post-soixant’huitards parmi lesquels certains reprennent comme titres ceux de standards du Rock.
Le Jazz pour le flic et le détective, le Rock pour le quidam, et l’ Opéra pour le serial killer… Les rapprochements entre le Rock ‘n Roll et le Polar sont apparus à plusieurs égards comme les mêmes relevés entre le Jazz et le polar. Par ailleurs, on ne peut pas occulter une filiation entre le Rythm and Blues, le Rock’n Roll, le Jazz et le blues. Seul l’opéra nous semble jouer dans une autre catégorie et notamment celles de certains Thrillers. Les goûts musicaux d’un auteur de polars se retrouvent-ils dans son phrasé ? Certainement en ce qui concerne un Rocker dur et pur. Mais ils se retrouvent d'abord dans son mode de vie.
En consultant Wikipédia, on peur lire cette définition : « Le rock 'n' roll (pour rock and roll), généralement raccourci en rock est un genre musical qui mêle le blues noir et le Rythm and Blues en premier lieu, avec une culture blanche marquée par la musique country notamment. Le rock devient par la suite une véritable philosophie avec sa cohorte culturelle, du cinéma aux bandes dessinées en passant par la mode vestimentaire. »
Vous pouvez vous procurer le Dictionnaire raisonné de la littérature Rock, écrit par Denis Roulleau dont nous vous livrons l’accroche : On n’écrit pas " sur " le rock. Mais on écrit rock. Sans même le faire exprès. Parce que c’est ainsi. Parce que, simplement, le rock est comme un prisme. On voit les choses à travers. Il y a donc une littérature rock. Comme il y eut une littérature Beat. Et c’est d’ailleurs peu de dire que l’une est fille de l’autre. Grâce à eux, de Hunter S. Thompson, qui popularisa ce qu’on appela le style " Gonzo " (la vie, la vie avant tout. Et le sexe, les drogues et le rock and roll bien sûr…), à Lester Bangs. De Tom Wolfe à Nik Cohn, les bouleversements des sixties, cette improbable aventure cosmique, ont trouvé les mots pour le dire. En France… ils sont venus les Jean-Jacques Schuhl, Dashiell Hedayat, Yves Adrien. La littérature française qui compte leur doit tout. Comme elle doit tout à Rock and Folk et à peu près rien au nouveau roman. Désolé, c’est ainsi. Denis Roulleau a patiemment compilé, commenté, annoté… Bref, c’est une somme. Et le dictionnaire de ces plumes. Ces plumes qui dansent. ( selon Patrick Eudelin).
Le Rock, une philosophie ! Le mot est lâché. Le Rock est un « bruit qui pense » et donc donne à penser. Stop ! Stop it!… Don’t stop the Music ! C’est aussi de la musique à écouter et à danser. Alors nous vous proposons de découvrir un jeune groupe qui ne devrait pas tarder à être connu : OFF DUTY CLOWNS
Cliquer ci-dessous
http://www.myspace.com/odcband
Une bibliographie sélective et non exhaustive:
- Graines de violence (Evan hunter alias qui vous savez)
- Le chanteur de Gospel (H. Crews)
- Wake up little susie (Ed Gorman)
- American Psycho ( Ellis)
- Un homme de glace (ian banks)
- Divorce Jack (Colin Bateman)
- Les nains de la mort (J. Coe)
- Crème Anglaise (Robin cook)
- Soul circus ( G. Pelecanos)
- La jambe gauche de J. Sturmmer (C. Ferey)
- Fatal song ( C. Hiaasen)
- Passé imparfait (K. Friedmann)
- La faute à dégun (F. Thomazeau)
- Les portes du garage ( T. Crifo)
- Jim Morrissonis alive and well and living in Ibiza (B. Leydet)
- Nous serons les rois de Marseille (S. SCotto)
- La musique de Papa (J.L. Bocquet)
- Backstages (L. Baranger)
- Un chat dans un chenil ( T. Labat)
- Bleu noir ( Anthologie rivages noir)
Arrêt sur quelques titres :Le chanteur de Godspel, Harry Crews – Série noire de Gallimard 1995
L’itinéraire miteux d’un sous-Elvis pas très net…
A Enigma, Géorgie, les routes n’ont pas l’habitude des Cadillacs. Pourtant depuis des mois, alors que la canicule suce la terre, on guette l’arrivée d’une certaine cadillac pour qu’enfin la pluie tombe et que le miracle advienne. On attend le chanteur Godspel… Il a fait le tour du monde, n'empêche qu'il est né à Enigma et que tout le monde attend qu'il revienne au pays pour chanter en souvenir de Mary Bell. Rien ne se passe dans ce bourg d'où personne ne sort jamais. Mais aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. Non, c'est le jour du retour de l'enfant prodige. L'homme par qui les miracles arrive, revient pour voir ses parents. Alors, tout le monde attend, même Wilalee Bokatee, le prédicateur noir accusé d'avoir assassiné MaryBell de soixante et un coups de pic à glace, après ou avant l'avoir violée car le shérif n’a pas retrouvé la culotte. Le plus fou (mais les autres le sont-ils moins) des livres d'Harry Crews. Noir. Très noir. Son humour comme son univers de monstres trop humains. Harry Crews est un auteur aussi puissant que tourmenté, et on ne sort jamais indemne de la lecture de ses romans
Article sur l’auteur à l’adresse : http://www.polars.org/article74.html
Wake Up Little Susie -Ed Gorman – éditions de l’aube – 2006
Le titre nous plonge directement dans la période durant laquelle se déroule ce roman d’Ed Gorman : 1957. C’est en effet cette année-là que sort « Wake Up Little Susie » tube international des Everly Brothers, devenus vedettes du country soft et idoles du rock américain naissant.
Clip sur Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=pabt0QXJ_GY
Le 14 septembre 1957, c'est le jour du lancement officiel de la Edsel, dernière création de la gamme Ford qui sera un sensationnel fiasco commercial. En attendant, la petite ville de Black River Falls se prépare à la fête dans une ambiance de kermesse très américaine quand une jeune femme, épouse d'un ambitieux homme d'affaires, est retrouvée morte dans le coffre de l'un des trois modèles exposés chez le concessionnaire local. McCain, jeune avocat qui arrondit ses fins de mois en enquêtant pour le compte de la juge Esme Anne Whitney, se voit une fois encore obligé de faire équipe avec le chef de la police locale Cliff Sykes, son pire ennemi. Un cadavre dans le coffre d’une voiture, une jeune et belle jeune fille qui disparaît, un policier lourdaud et incompétent, une mystérieuse blonde à la conduite intrépide… rien ne tourne vraiment rond dans la tranquille petite ville de Black River Falls, véritable image d’Epinal de la ville américaine moyenne dans des années encore marquées par les fantômes de la crise de 29 et de la Deuxième Guerre mondiale. Dans cette drôle d’atmosphère où flotte en permanence un vieux standard du rock et quelques effluves de Lucky Strike, l’anticonformiste Sam McCain va devoir faire démonstration de tout son talent d’enquêteur.
Graine de Violence, Evan Hunter ( alias Ed MacNain) Manitoba les belles lettres- Le grand cabinet noir (200)
L’histoire d’un homme qui occupe son premier poste de professeur dans un lycée professionnel. Il sait qu’il aura affaire à des élèves difficiles mais, après deux ans de service dans la Marine, il se croit de taille à les dompter par la douceur et la compréhension. Graine de violence a été adapté au cinéma par Richard Brooks. Le film Blackboard Jungle est sorti en 1955 et il met du “Rock'n roll” dans sa musique avec le célèbre "Rock around the clock" de Bill Haley et ses “Comets”.
Ce film est une étude réaliste et vigoureuse de la délinquance juvénile dans les milieux urbains populaires américains, et des rapports entre les jeunes (rapports selon les origines ethniques - Afro-américains, Portoricains, Irlandais, WASP, Sino-américains ...- et rapports en fonction des clans, des bandes, des gangs). Miller, le seul élève noir de la classe de Dadier, interprété par Sidney Poitier est, parmi les autres élèves, l'élément le plus digne, le plus courageux et le plus lucide, c'est un chef-né, et c'est grâce à sa collaboration que le professeur va inculquer à ses élèves un comportement positif. Ce film va à l'encontre de beaucoup de préjugés en vogue à l'époque.
Fatal Song, Carl Hiaasen – Denoël, Rivages-Noir 2007
L'univers de Carl Hiaasen est peuplé de personnages loufoques et caricaturaux en quête d'aventures rocambolesques aux dénouements incroyables. Sur fond de Floride, sa région natale, il dépeint les travers d'une Amérique décadente lorsqu'elle cède à la facilité. Chroniqueur au Miami Herald depuis de nombreuses années, il a publié plusieurs best-sellers édités dans le monde entier, dans lesquels il alerte les lecteurs des menaces qui pèsent sur notre société. Fatal Song est un pamphlet contre la société américaine et ses dérives médiatiques.
Résumé de Claude Mesplède : « Pour avoir dit ses quatre vérités au nouveau propriétaire de l'Union-Register, un quotidien de Floride, le brillant journaliste Jack Tagger se retrouve confiné depuis quelques mois à la rubrique nécrologie. Jack a critiqué vertement la nouvelle ligne éditoriale qui consiste à transformer un journal réputé pour son sérieux en un ramassis d’informations racoleuses. Chargé d’écrire la nécrologie de Jimmy Stoma, ex-star sulfureuse du rock, qui vient de se noyer au large des Bahamas, il soupçonne ce décès de ne pas être naturel. Bien qu’interdit d’enquête et malgré l’opposition de sa chef de rubrique Emma l’Impossible dont il est amoureux, Jack se met à fouiner. Il interroge ceux qui ont connu la star, notamment sa veuve, la chanteuse Cleo Rio, dont les larmes de crocodile cachent mal une attitude plus que suspecte. Jack s’entête et il va mettre à nu quelques dessous peu reluisants du showbizz. Normal, on ne la fait pas à un journaliste qui, comme lui, connaît bien la musique...Carl Hiaasen a bâti sa réputation grâce à plusieurs thrillers écologiques à l’humour ravageur dans lesquels gravitent une galerie de personnages des plus farfelus. Moins délirant mais toujours aussi caustique, Fatal Song porte un regard sans concession sur le milieu journalistique dominé par les groupes de presse tout en épinglant au passage certaines pratiques crapuleuses du showbizz. »
Bibliographie chez Denoël à l’adresse ci-dessous:
http://www.denoel.fr/Denoel/Control.go?action=rech&idauteur=16034
Passé imparfait de Jinky Friedman – Rivages-Noir 2007.L’auteur est aussi musicien, ami de Bob Dylan et Willie Nelson. Tous ses romans se déroulent sur fond musical. Passé Imparfait se déroule à Greenwich Cillage où un cow-boy et chanteur de country juif survit en se produisant au Lone Star Café. La vie de Ratso est devenue dangereuse depuis que l’activiste Abby Hoffman, leader du Youth International Party, a quitté la clandestinité et s’est invité chez lui. Le romn dépenit l’Amérique des années 1960 et 1970.
Nous rajoutons quelques autres ouvrages…- Les héros oubliés du Rock’nRoll : « Nick Tosches a commencé à écrire pour des magazines de rock, avant de se lancer dans le polar (cf. la très bonne réédition en Folio de Trinités). Il n'en a pas pour autant délaissé ses premières amours puisqu'il a déjà sorti Country : les racines tordues du rock n' roll (aux éditions Allia aussi) et qu'il nous offre ce coup-ci Héros oubliés de rock n' roll. "Le Blues, la country et leur bâtard prodigue le rock n' roll, ont en commun une chose fondamentale et envahissante : la connerie. Ils sont, pour l'essentiel, la musique de la folie et non de la sagesse"… le ton est donné est on est loin des papiers compassés, des articles lissés ; Tosches la gouaille vous offre le début de la légende, dans un style décapant et truculent, vous parle des fondateurs, sans qui Elvis ne serait pas là, vous fait rire et découvrir le rock n' roll, avec des propos rock n' roll. Yeah !!! » avis sur le site http://www.entre2noirs.com
- Son premier ouvrage, Hellfire, biographie de Jerry Lee Lewis publiée en 1982, le place d'emblée au rang des écrivains majeurs de la scène musicale. Les biographies qu'il écrit par la suite retracent les itinéraires de Dean Martin, Michele Sindona, Sonny Liston, Emmett Miller (un des derniers chanteurs de minstrel show) et Arnold Rothstein. Nick Tosches a également publié un recueil de poésie, Chaldea, et trois romans : Cut Numbers, Trinities et In the Hand of Dante. Ce dernier est considéré par l'auteur lui-même comme son meilleur ouvrage. Ses textes ont en outre été publiés dans les revues Vanity Fair et Esquire. Il fut l'un des plus grands critiques de rock américains. Son dernier roman, Le roi des juifs, vient de paraître chez Albin Michel. Ses écrits ont été regroupés dans un recueil : The Nick Tosches Reader.
- "Dieu a tort" de J.J. Busino considéré par certains comme le polar rock par excellence. Un producteur musical à l'affût de tout bon nouveau commercial tue au hasard des êtres qui ont le malheur de croiser sa route. Dans le métier, l'homme est considéré comme génial et complètement barge, violent et frappadingue. Mais il a l'oreille... et un besoin dément de pureté chez les autres, au point de jouer lui-même au Créateur. On y apprend entre autre comment baiser une table de mixage. L’éditeur annonce : « Le sac d'une femme reste un mystère au même titre que le cerveau humain. Les clés mirent le temps d'une psychanalyse à sortir de sa besace. Ce soir la serrure de la vieille porte d'entrée s'ouvrit sans poser de problème. ll entra dans l'allée et chercha à tâtons l'interrupteur. La montée d'escalier était dans l'obscurité complète et les kirs royaux qu'elle avait bus avec ses compagnons d'université la firent presque chuter. Elle se rattrapa à quelque chose qu'elle mit un moment à reconnaître comme un bras. Elle descendit le long du membre et découvrit une main serrant quelque chose. Comme si un membre supérieur se promenait seul dans la nuit dans les allées, elle demanda à l'obscurité s'il y avait quelqu'un. Dieu, en parfait administrateur, reprend toujours d'une main ce qu'il donne de l'autre. Par l'auteur de Un café, une cigarette. »
- Les romans de la collection Polar Rock de Mare Nostrum sont carrés comme une pochette de 45 tours, ou de CD 2 titres. Rapide, concis, immédiat, comme une novella (petit roman autour de 100 pages). Le but est que le lecteur lise le texte d’une traite sans lâcher le tempo. Finalement le polar rock, il faut qu’il sonne « Rock’n roll ». C’est une alchimie, ça s’invente pas, tu es Rock ou pas.Déjà parus dans la collection Polar rock :
Serial Loser de Pierre Hanot
Fleur de bagne de Serguei Dounovetz
Un grand bruit blanc de Laurent Fétis Les portes du garage de Thierry CrifoEt le dernier Feuque ! de Jean-Bernard Pouy (1979, No Future For Fuck, groupe punk de Montluçon qui monte, trois cure-dents électriques défoncés jusqu'au noyau, menés par Zak, leur leader charismatique. Le trio est chaperonné par Gisèle, lesbienne baraquée, poignets d'amour et de force, championne de Vo-Vietnam, leur servant de roadie, garde du corps et chauffeuse, ua volant d'un antique M...)
Nota : Jérôme Leroy et Marcus Malte ont également accepté de signer un polar chez Mare Nostrum.
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Par Difrade le 14 Octobre 2009 à 14:05
Quand le jazz est là, le polar et le cinéma ne s'en vont pas!
" Mais comment peut-on comprendre et aimer Parker si on n'a pas le temps de s'imprégner de sa musique ? Je déteste les prétendus films de jazz où il n'y a que deux mesures à la fin. Au milieu, les gens parlent, parlent. Ce n'est pas le cas dans Bird, je crois. Mais la musique, sans doute, pénètre en vous moins vite que les mots." propos tenus par Clint Eastwood après la sortie de son film " Bird ".
Le roman noir va sortir des bas – fonds et exprimer par des mots ce que le Jazz nous raconte en musique. Pour nous, il existe une parenté entre le Jazz et le roman noir mais cette parenté peut se retrouver avec des musiques populaires antérieures et postérieures au Jazz. On se souvient du Bal à Jo près de la Bastille et de la java pratiquée par les gouapes d’Antan qui ont inspiré quelques auteurs du début du 20ème siècle. Aujourd’hui le rap et le slam racontent des choses proches de celles trouvées dans un roman noir. La Noire s’imprègne des émotions musicales de son temps ou de la culture de l’auteur.. Dans un polar, une référence à une musique peut avoir simplement une visée Proustienne en direction du lecteur, ajoutant une émotion partagée avec l’auteur. La musique reste une émotion transmise au cerveau par l’ouïe (pas Amstrong !…). On peut disserter sur un polar en exposant des lectures différentes. L’écoute de la musique nous apparaît être d’abord un dialogue intérieur. Tout passe par l’émotion du moment, l’envie de prolonger l’instant partagé. La musique est un langage universel parce qu’elle n’a pas besoin de commentaire et de traduction. Analysée et expliquée la musique devient une affaire de spécialistes, avec des mots codifiés qui peuvent engendrer des erreurs et des incompréhensions, trahir les notes, les silences et les harmonies du musicien et fausser l’écoute originelle, l’émotion neuve. Le jazz est d’abord une musique instrumentale d’improvisation, ce qui impose aux jazzmen d’être toujours neufs et toujours bons. Rien dans un solo n’est prévu et les références ne peuvent être qu’un enfermement proche de celui de la musique classique qui s’adresse à des mélomanes. C’est peut-être ce refus de l’enfermement bourgeois et académique qui fait qu’un polar est jazzy et non, comme poncif obligé, la simple référence (en passant) à un jazzman ou à un morceau connu, comme on le ferait pour une spécialité culinaire.
Sorti de la musique instrumentale, dans les textes chantés, il y a des mots et c’est déjà de la littérature. Aujourd’hui, la Noire, comme le rap et le slam, ne peut s’enfermer dans des références et des règles sans perdre son âme populaire et libre jusqu’à la révolte. La couleur noire, dans son ambivalence, recèle toutes les nuances du genre. Il serait dommage de n’en conserver que l’élégance et le raffinement.
Origine du Jazz
Le siecle du jazz au musée du quai Branly qui s’est déroulée du 17 mars au 28 juin 2009... Musique majeure du XXeme siècle, le jazz a influencé la littérature, le cinéma et les arts plastiques. Le musée consacre une exposition temporaire à ce genre qui n'est pas seulement musical.
" Dès ses origines au début du XXième siècle, la musique afro-américaine qu’on appelle le plus souvent " jazz " est indissociable de la parole, du verbe, de cette littérature orale : les work songs (chants de travail), les spirituals et gospel songs des Eglises noires, dans le blues ou ces dirty dozens (sorte de tournois d’insultes en cadence).. suivie par l’écrit : les lyrics (chansons populaires de Broadway)… sans omettre cette élocution gouailleuse venue du ghetto, le " jive " (langage argotique des Noirs de Harlem apparu dans les années 30) qui aboutira au rap du début des années 70 " extrait d’un article de Jacques Chesnel de Starmag... cliquer ICI
Court historique du Jazz et du polar jusqu’à l’apparition , en France, du polar jazzy dans le néo – polar avec Manchette.Pour remonter à la genèse du jazz, on remonte jusqu’à 1880 avec l’arrivée des Italiens et des juifs à la nouvelle Orléans , en rappelant que les émigrants italiens avaient subi des actes de racisme allant jusqu’à des lynchages. Eux, ils n’étaient pas racistes et ont vécu au milieu des Juifs venus d’Europe de l’Est et des Noirs. En 1917, le jazz naît officiellement grâce à l’enregistrement de " Livery Stable Blues " par " The Original Dixieland Jazz Band ". En fait, ce groupe de musiciens blancs enregistre à Chicago une musique née dans la société noire de la Nouvelle-Orléans.
La mafia découvre l'Amérique dans les dernières décennies du 19ème siècle, quand les mafiosi trouvent toutes les opportunités pour leurs trafics traditionnels. Les autorités américaines n’ont pas vu venir le danger. Leur gouvernement, leurs lois , leurs tribunaux, leurs forces de police n'étaient pas préparées à combattre. La guerre allait se dérouler dans des ruelles sombres , des bars , des casinos. La première organisation mafieuse s’appelait la Main Noire qui deviendra ensuite la Cosa Nostra.
En novembre 1895, Giuseppe Balsamo, âgé de 24 ans , a quitté la Sicile et débarque sur l'île d'Ellis. Inconnu aux U.S.A, il était en Sicile un personnage déjà important de la mafia. Entre la fin du 19ème et la moitié du 20ème siècle, les noms des gangsters d’origine sicilienne vont alimenter les chroniques judiciaires et nécrologiques : Ignazzio Saieta, Vincenzo Mangano, Jim Colisimo alkias Big Jim Diamond, John Torrio… et des plus célèbres comme Lucky Luciano et Alphonse Capone alias Al Capone, alias Scarface. C'est lors d'une bagarre au sujet d'une fille de l'établissement " Le Harvard Inn " que Capone reçut les 3 coups de couteau au visage qui lui valurent le surnom de "Scarface" (le balafré).
- 10 octobre 1917, naissance de Thelonious Monk dont la vie a fait l’objet d’un excellent opus écrit par Laurent de Wilde édité en folio poche n°3009 dont nous livrons l’extrait suivant: " Pendant que sur le Vieux continent explosait la révolution russe, les Etats-Unis se faisaient, en catimini, leur peitit Octobre noir : naissance d’un génie du jazz… Quand il a quatre ans, voilà sa famille qui s’installe à New Yorket elle y reste , toujours au même endroit, dans un quartier de l’ouest de Manhattan : San Juan Hill. Monk partage donc ce privilège d’habiter la capitale de jazz avec Max Roach, Bud Powell, et puis c’est tout. Les autres compères de l’aventure du Bebop, Les Dizy Gillespie, les Miles Davis, Charlie Parker, Art Blakey, Oscar Pettiford, Kenny Clarke, et j’en passe, tous ont fait le Voyage, tous sont montés à la Mecque, terminus la Grosse Pomme (New York), pour faire leurs preuves. Pas Monk. Il est là, au centre de la ville, depuis le début… " Beaucoup de Jazzmen venaient de Kansas City.
- 1922 :L’orchestre de King Oliver dénommé Creole Jazz Band accueille le cornettiste Louis Armstrong. Ce dernier a donc quitté la Nouvelle-Orléans, où il a fait ses armes avec Kid Ory, pour rejoindre ce lieu d’ébullition du jazz qu’est alors Chicago. Il partage ainsi le succès de cette formation qui est la première à insister sur l’improvisation. Par la suite, en 1927, les gangsters italiens s’étaient imposés dans les bas quartiers de la Nouvelle Orléans, Chicago et New York. . D’un côté il y avait les gangs anglo-saxons (surtout des Irlandais dont un certains Dion O’ Banion, alias Dinie) et des Allemands et , de l’autre, les Juifs et les Italiens avec une culture du jazz qu’ils vont promouvoir dans leurs boîtes. Al Capone, pour prendre le plus connu, était un amoureux du jazz et il employait des jazzmen dans ses établissements.
- 1927 : Au sein du Hot Seven qu’il dirige, Louis Armstrong enregistre de nombreux titres dont Weary Blues. C’est l’époque où " Satchmo " compose ses plus grands chefs-d’œuvre. Cette même année, il revient à une formation " Hot Five ", abandonne le cornet pour le son plus brillant de la trompette et enregistre des dizaines de titres. C’était l’époque où La Guardia était le maire de New York, celle de Duke Ellinton. L’évolution a été la même en France et notamment à Marseille dans les boîtes tenues à l’époque par des truands.
Résumé de " Cotton club ", film de Coppola : En 1919, la prohibition a engendré une vague de violence qui a déferlé sur l'Amérique. À New York, au cabaret Cotton Club, la pègre, les politiciens et les stars du moment goûtent les plaisirs interdits. Un trompettiste blanc et un danseur noir sont emportés dans une tourmente où l'amour et l'ambition se jouent au rythme des claquettes, du jazz... et des mitraillettes.
La formation de Duke Ellington se produit pour la première fois au Cotton Club à Harlem, salle dans laquelle il jouera jusqu’à 1932. Il est alors l’inventeur du style "jungle" reposant sur des cuivres de sourdines, tandis que l’année 1927 est celle d’enregistrements majeurs. La célébrité du pianiste et chef d’orchestre, qui multiplie les concerts, dépasse alors largement New York.
Il y avait aussi le Minton’s Playhouse où , avec d’autres, Monk se produisait en amateur. Dans ce club, chaque lundi, se produisaient les professionnels: Duke Ellington, Count Basie, Cab Calloway parmi tant d’autres.
Le jazz s’est implanté d’abord dans les bordels de la Nouvelle Orléans et, parmi les jazzmen, il y avait même des délinquants comme Ferdinand Lamante , musicien et proxénète. Finalement un sénateur, Sydney Story a interdit les bordels à la Nouvelle Orléans rebaptisée "Story Ville " et les musiciens de jazz ont émigré vers Chicago. L’implantation a été la même en France et notamment à Marseille : les boîtes tenues à l’époque par les truands. Si vous voulez vous plonger, sans ennui, dans l’histoire du Milieu marseillais des années 1930 à 60,
Le gangstérisme était lié au Jazz mais aussi au showbizz. Il faut rappeler l’usage de la drogue fait par certains musiciens (on pense immédiatement à Charly Parker dit " Bird "), notamment de la Soul musique et du Rock’n roll.
Jazz et littérature
En 1930, c’est l’époque du Swing, jazz populaire qui va se répandre dans le monde entier. La littérature n’a pas de bande son Il n’y a pas de jazz dans les romans, tout simplement parce que c’est la musique de l’époque et les auteurs n’éprouvent pas le besoin de faire référence au Jazz qu’ils entendent de partout. Jean-Paul Sartre (qui contrairement à la légende, fréquentait peu les clubs de jazz) écrivait, en 1947, dans un article intitulé " New York City " : "la musique de jazz, c’est comme les bananes, ça se consomme sur place… j’ai découvert le jazz en Amérique, comme tout le monde ". On trouve une référence au jazz dans " La Nausée " où la chanson " Some of these Days ", interprétée par Sophie Tucker revient comme un leitmotiv, tout comme dans une scène nocturne des Chemins de la Liberté.
Alors que le polar noir naît dans les années1920 avec Hammet, le Jazz va réellement apparaître dans la littérature vers les années 1950. Boris Vian écrit et joue de la trompette. Dans L’Ecume des Jours, le personnage principal, Colin, s’abreuve de cocktails traduits des accords de Duke Ellington dont le titre d’une de ses compositions, " Chloé ", est choisi comme prénom pour son épouse.
Pour le polar, cela vient réellement bien plus tard, avec notamment :
- " Really the Blues " ou La rage de vivre par Milton Mezz Mezzrow et Bernard Wolfe : "Le premier dans le genre, et certainement celui que tout jazzman se doit de lire. On peut ne pas aimer la façon de jouer de la clarinette de Mezzrow, mais ce témoignage de la vie qu’il a lui-même vécue, et décrit avec tant de rage, est poignant. Tout y passe : son enfance, son adolescence à Chicago, ses premiers contacts avec les musiciens de jazz, particulièrement Bix Beiderbecke et ses Wolverines de l’Austin High School dans la banlieue ouest de Chicago, a drogue dont il est consommateur et dépendant, sa cure de désintoxication, puis pourvoyeur officiel des autres musiciens et dont ce sera sa deuxième profession, ses rencontres avec les plus grands, Armstrong, Bechet, Ladnier, Singleton, et les autres. Puis, sa deuxième carrière à New York, où il devient producteur de disques et enregistre avec Bechet. 1938 sa rencontre avec Hugues Panassié, une solide amitié qui lia les deux hommes, et qui se concrétisa par l’enregistrement des disques Swing devenus anthologiques. " Alain Hautrive - cliquer ICI
- Les romans de David Goodis, ( 1917-1967) et pour exemple : Tirez sur le pianiste ( Down There, 1956), adapté au cinéma par François Truffaud en 1960.En France, il existait une fascination pour le polar américain et le jazz. En 1945, apparaît la Série noire qui édite Chaze, Petter Senney… Entre 1960 et 1970, les auteurs mettent vraiment du jazz dans leurs polars avec, notamment, Shester Himes (1909-1984), noir américain, exilé en France. Aux Etats Unis, il a fait des tas de métiers. Il fréquentait aussi les tables de jeux et participait au trafic d’alcool. En 1928, il est arrêté pour vol à main armée et, à 19 ans, il écope de 20 ans de prison. Pendant sa détention, il lit Hammet et sa lecture lui donne l’idée d’écrire. Il est libéré à 26 ans. Il écrit des nouvelles et un premier roman bien accueilli sans confirmer, aux U.S.A, ce premier succès. C’est Marcel Duhamel, directeur de la Série noire, qui le fait venir en France où il écrit La reine des pommes (1957) qui reçoit, en France, le Grand prix de la littérature policière. Il a deux héros noirs, Ed Cercueil et Fossoyeur, policiers américains excentriques que l’on retrouve, par la suite, dans une dizaine de romans. L’auteur nous parle du Harlem miséreux, de la condition de l’homme noir. Ed Cerceuil écoute un solo de saxophone de Lester Young… Finalement, les deux flics black meurent dans " Plan B " (1969) . L’auteur tue donc ses héros, comme Conan Doyle l’avait fait pour Sherlock Holmes au grand dam des lecteurs. Chester Himes a vécu à Paris, connu quelques jazzmen et inauguré avec La Reine des Pommes (1958) une série de romans policiers, sorte de préfiguration du " polar contemporain " nourri au jazz . Chez Himes, paroles de blues et rythmes syncopés ponctuent sans cesse l‘action qui se déroule dans un Harlem chaud bouillant.
Jean-Patrick Manchette, le père du néo-polar décédé en 1995, était un passionné de jazz. De lui, on peut citer Le Petit bleu de la côte ouest, un roman adapté au cinéma par Jacques Deray et Alain Delon avec le film " 3 hommes à abattre ". On y trouve des références permanentes au jazz et des évocations littéraires dans une ambiance post-révolutionnaire de crise sociale et de totale déprime. Il a été mis en BD par Jacques Tardi. " Le jazz West coast berce Georges Gerfaut, héros du Petit bleu de la côte ouest, qui fait des tours de périphériques parisiens et permet à Manchette, comme il en est friand, de mettre en rapport actes violents, constats sociaux désarmants et poids du jazz dans les mutations politiques et sociales du vingtième siècle, le tout servi par une écriture remarquable ". Dans un dossier musiques et polar " Les vrais durs de dansent pas… ", écrit Karine Gilabert et Olivier Pene . Pour une lecture du dossier aller sur site Librairie Mollat - cliquer ICI.
- Le temps mort est paru aux Etats-Unis en 1960 sous le titre original : The dead beat, édité en France notamment chez 10-18 (n° 2238) dans la série "nuits blêmes " dirigée par Jean-Claude Zylberstein. Sur le quatrième de couverture, on lit : " Le jeune voyou pianiste de jazz qui est le " héros " de ce très blochien roman de Bloch pour être minable n’en est pas moins exemplaire. Du monde de Bloch d’abord, puisqu’il tue, comme Norman Bates de Psychose, à cause d’un profond déséquilibre psychique, d’un manque irrémédiable…, de notre monde ensuite, car ce n’est pas un petit monstre isolé, c’est une hirondelle de mauvais augure qui annonce un printemps sinistre, celui qui va voir la jeunesse devenir l’objet d’un véritable culte (rarement désintéressé) en même temps que la défaite des adultes et des vieux. "- La Neige était Noire, roman de Malcolm Braly et Le Diable et son Jazz du critique Nat Hentoff...
- L’Ange du Jazz de Paul Pines, roman dont le quatrième de couverture résume ainsi le livre :" Des accords de jazz résonnent dans le Tin Angel, un club du Bowery, à New York. Mais son propriétaire, Pablo Waitz, a dans la tête une toute autre musique. Son associé et meilleur ami, Ponce, s'est fait descendre lors d'une fusillade avec les flics et ses acolytes se sont fait la malle. Sombre histoire de cocaïne. Difficile pour Pablo de se croiser les bras : même si le détective chargé de l'affaire est un ami et qu’il s’appelle Christ, il ne faut pas en attendre de miracles. Les flics aux basques, Pablo va devoir régler ses comptes à sa manière, pour la mémoire de son ami, et pour récupérer les trente-cinq mille dollars de la caisse qui ont financé l'opération.. La poudre sera-t-elle toujours l'ange noir du jazz ? " Paul Pines a grandi à Brooklin. En 1970, il a ouvert son propre jazz club, le Tin Palace, situé à l’angle de la 2nd Street et de Bowery, Le Tin Palace a été un creuset culturel new-yorkais pendant une bonne partie des années 70. Des musiciens de renom s’y sont produits. Pines s’est fortement inspiré du Tin Palace pour créer le Tin Angel de son roman.
Toujours le jazz, plus tard, dans ces histoires que racontent des auteurs qui n’hésitent pas, comme Marc Villard, à considérer le polar comme "un rythme ternaire avec une écriture fluide qui coule à la west coast ". Jean Echenoz emprunte le titre d’un standard "Cherokee" (à la recherche d’un disque dérobé) pour son deuxième livre. L’andalou Antonio Muñoz Molina raconte la vie tumultueuse d’un pianiste de jazz dans L’hiver à Lisbonne, hommage de l’auteur au film noir américain et au jazz ; Walter Mosley fait revivre un vieux musicien de Blues dans La Musique du diable.
Quatorze écrivains, dont Gilles Anquetil, Yves Buin, Jean-Claude Izzo, Thierry Jonquet et Jean-Bernard Pouy, ont improvisé sur la disparition d’un grand saxophoniste de l’histoire du jazz dans l’ouvrage collectif intitulé Les treize morts d’Albert Ayler.
En 1987, une rencontre entre le Jazz et la BD avec " Barney et la note bleue " ( Phlippe Parengaux et Jacques de Loustal). Un BD qui se lit, avec un disque qui s’écoute : Barney Wilen, saxo-ténor qui a côtoyé les plus grands comme Jay Cameron, Art Blakey, Miles Davis, Bud Powel… En image et en musique, une histoire d’amour menée bebop battant par un musicien de jazz célèbre à la fin des années 5O… un extrait : " L’instant d’après, il n’y pense plus du tout : immobile, il écoute quelque chose qui fait sauter so cœur et arrondit sa bouche. Il écoute l’orchestre qui ne joue plus, juste le saxophone dans l’ombre qui déroule une spirale de notes rêveuses puis s’éteint dans un soupir… "
Aujourd’hui à Paris, le Jazz est dans le métro. On peut croiser de bons artistes de jazz dans... le métro parisien, si on prend le temps de s’arrêter pour les écouter. Au milieu du rap, de l’accordéon, des violons et autres instruments à cordes ou à vent, ces jazzmen de l'underground parisien se sont fait leur place en douceur, avec leur musique tout en finesse et en délicatesse. Vous pouvez prendre le métro et rencontrer surtout des saxophonistes sur la ligne 11, quelquefois à Châtelet, entre les deux tapis roulants, ou à Montparnasse, du côté de la ligne 4 et 12.
Notre compte rendu n’étant pas exhaustif, nous vous proposons des sites à aller consulter, pour approfondir :
- Evolution du Jazz à partir des années 1970: http://vulcain.lamediatheque.be/jazz/q13_10.ht
- Librairie Mollat : http://www.mollat.com/dossiers/les-vrais-durs-dansent-pas-328.html
- Miles Davis : http://www.milesdavis.com
- Article de Pierre Mura : http://www.telerama.fr/cine/film.php?id=40492
- Article Jacques Chesnel : http://www.sitartmag.com/jazzecrivains.htm
- La mafia sicilienne : http://droitetcriminologie.over-blog.com/article-2552051.html
- L’actualité de la Mafia : http://mafiactualite.skyblog.com
Jazz et cinéma
On peut citer un film de Robert Altman " Kansas City " (1996) pour une introduction aux rapports entre le jazz et le cinéma : Evocation de Kansas City, ville de tous les dangers, dans les années trente à travers les aventures d'une jeune télégraphiste qui kidnappe la femme d'un homme politique influent afin d'obtenir la libération de l'homme qu'elle aime, petit malfrat tombé dans les griffes des gangsters. " C'est construit comme un air de jazz. On devine le thème principal qui s'insinue, s'impose, s'amplifie, puis, soudain, s'efface pour permettre à d'autres instruments d'apparaître, de jouer en solo…. " Pierre Murat, pour article complet aller sur le site de Télérama - cliquer ICI.
En Californie, il n’y avait pas de jazz, qui ne s’était pas imposé à Hollywood. En 1910, les films sont muets et les séances sont accompagnées par des pianistes. Aux Etats Unis, les pianistes noirs mettent en musique les films par des Stride, du Boogy boogy, notammentÀ l’époque, cinématographe et jazz-band se développent (de concert ) dans l’industrie spectaculaire qui anime les grandes villes. Le jazz s’échappe des fosses musicales, sous l’écran blanc d’un cinéma encore muet. Mais, à quelques exceptions près, l’on n’assiste pas à une véritable fusion, un réel échange entre jazz et cinéma. De fait, la ségrégation aura longtemps rendu impossible une véritable convergence esthétique entre les deux arts. Et si le jazz occupe une place importante dans les bandes-son des films criminels des années 1940-1950, c’est encore le fait de musiciens blancs.
En 1927, réalisation des premiers films parlants : Le Chanteur de jazz (A. Crossland) et Greta Garbo dans La Chair et le Diable (Clarence Brown). Par la suite le Jazz va devenir une référence culturelle dans le cinéma. Le cinéma français recèlera du jazz autant que le cinéma américain.
La fin des années 1950 marque une étape primordiale dans l’histoire de l’influence du jazz sur le cinéma. Des deux côtés de l’Atlantique, naît une certaine modernité cinématographique qui doit beaucoup au jazz. C’est, " le cinéma des corps " dont parle Deleuze, inauguré à la fois par Godard et Cassavetes avec son film Shadows, mis en musique par Mingus. Il y a " un rapport étroit entre le mouvement des corps et le rythme de la musique, une osmose évidente entre le geste et la pulsation. "
Parmi les musiques de cinéma, on peut citer celles de Bernard Hermann sollicité par des Hitchkock, Welles, Mankiewitch, de Palma, Scorcese.
Dans certains films, le jazz s’intègre au film pour devenir un élément indispensable au numéro d’acteur. Pour approfondir, il existe le DVD " les cent ans du Cinéma " sorti en 1995.
Petite filmographie non exhaustive :
- L’homme au bras d’or, film d’Otto Préminguer (1955), Franck Sinatra joue le rôle d’un batteur Francky Machine. La musique est de Elmer Bermstein. On entend de la musique symphonique avec des séquences jazz.
- Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle (1958) avec la musique de Miles Davis qui l’a improvisée en studio. En 1957, le cinéaste Louis Malle engage Miles Davis pour réaliser la musique de son film. L’enregistrement en est resté mythique. Le musicien est informé du projet à Paris, le film est visionné, et après une tournée de trois semaines, Miles Davis passe au studio d’enregistrement avec ses musiciens (en plus de sa trompette, un saxophone, un piano, une contrebasse et la batterie). En quatre heures, devant les images projetées, ils improvisent en se conformant aux besoins de Louis Malle, et aux idées de Miles Davis. Il s’agit d’un très bel exemple d’osmose entre le cinéma noir et la face la plus nocturne du jazz distillée par la trompette du magicien Miles Davis. Plus d'infos : http://www.milesdavis.com
- Les tricheurs de Marcel Carmet, meilleur film français 1958, avec la musique de Claude Lutter
- Le coup de l’escalier, film de Robert Wise (1959) , avec une musique de John Lewis
- Les liaisons dangereuses, film de Roger Vadim (1959), avec la musique de Thelonius Monk.
- 1968 sera l'année de Bullitt – musique de Lalo Shifrin – " excellent score très marqué par le jazz et contenant là encore toutes ses "marques de fabrique" : thèmes d'amours esquissés à la flûte solo, rythmes syncopés et toujours sur le fil du rasoir, ainsi que quelques mesures clairement atonales (comme l'utilisation de "clusters" avant la célèbre poursuite de voitures) ".
- Play Misty for me (titre français : un frisson dans la nuit ), film " de et avec Clint Eastwood " articulé complètement autour du jazz. ( 1971)
- Série noire, film d’Alain Corneau (1979) avec Patrick Dewaere dans le rôle de Franck Poupart. Ce minable imagine le meurtre d’une vieille peau qui prostitue sa nièce et devient le scénariste de sa propre vie qui lui échappe et dont il reste le spectateur. La musique est de Duke Ellignton et Juan Tizol.
- Short Cuts, film de Robert Altman (1993) , Lyon d’or à Venise : " L’américan way life revue façon derniers jours de l’empire romain… "
On pourrait citer aussi des films d’Edouard Molinaro et d’autres… Il y a les films inspirés par la vie et la musique de Grands du Jazz comme Charlie " Bird " Parker, l’oiseau bleu mort à 35 ans à New York en 1955. " Bird " est un film de Clint Eastwood (sorti en 1988), l'un des très rares consacrés au jazz (avec le documentaire Straight, No Chaser de Charlotte Zwerin consacré au pianiste Thelonious Monk, Autour de minuit de Bertrand Tavernier, évocation mélangée du saxophoniste Lester Young et du pianiste Bud Powell, et plus récemment le film consacré à Ray Charles), et émanant d'un réalisateur lui-même musicien. Ce côté exceptionnel est aussi renforcé par la structure même du film qui, loin d'être une biographie linéaire ou un long flashback, épouse la forme d'un morceau de jazz en faisant intervenir et revenir des thèmes, en faisant circuler son histoire entre quelques intervenants et lieux principaux, le tout baignant dans un éclairage souvent nocturne. Propos de Clint Eastwood : " …J'adore les jazzmen depuis toujours. Lester Young, Count Basie, Dave Brubeck, Gerry Mulligan. Aujourd'hui, les jeunes connaissent le rock, pas le jazz. Dommage. Avant de tourner, il était plus important de rencontrer ceux qui avaient connu Parker que de lire des livres sur lui. Le cinéma se fait en observant la vie des gens. Parker était quelqu'un d'incroyable, au cerveau curieusement fait. Pour la musique, il avait des années d'avance sur tout le monde. Mais dans la vie, il est resté un garçon gentil et sensible. "
En 2003, sous le titre " Le BLUES ", sept films pour célébrer le blues " The Soul of a man" de Wim Wenders est le premier film de cette série lancée à l'occasion de l'année du blues, manifestation organisée par le Congrès américain. Ce projet initié par Martin Scorsese, Paul G. Allen et les producteurs Jody Patton et Ulrich Felsberg rassemble sept cinéastes unis par une passion commune pour le blues, chacun ayant décidé de livrer une vision personnelle de ce courant musical. Mis à part le documentaire de Wim Wenders, cette série propose des films de Martin Scorsese, Clint Eastwood, Mike Figgis, Charles Burnett, Marc Levin et Richard Pearce.
Séquence de polar
tournée dans le cadre du cours Fabrique du Polar
à l'Université de Nanterre (Paris X).
Réalisation : Julien Michon, Margot Frouin
Acteurs : Quentin Rigail, Miguel Angelo Canelha
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